"Forts de nos convictions, plaidons pour une société inclusiverselle" : la 3e conférence du Congrès APF France handicap donne le ton. Avec, au cœur des enjeux, la refondation de la politique du handicap en France. Pour quelles raisons ? Comment ? C’est tout l’objet du manifeste que l’association publie. Explications de Pascale Ribes, sa présidente.
2025 va marquer deux anniversaires : les 50 ans de la loi de 1975 et les 20 ans de la loi de 2005. À deux ans de ces événements, APF France handicap pose la nécessité de refonder la politique du handicap en France. Pourquoi ?
Pascale Ribes : Les politiques publiques concernant les personnes en situation de handicap et leurs proches ont montré leurs limites. Et malgré notre engagement sans relâche, force est de constater que nous sommes dans une impasse.
Certes, il y a eu quelques progrès, obtenus de haute lutte par notre association, comme ces deux lois auxquelles nous avons largement contribué, comme la déconjugalisation de l’AAH, ou encore comme la décision du Conseil de l’Europe qui condamne l’État français pour violation des droits humains, pour ne citer que ces exemples.
Mais donner des droits ne suffit pas, il faut aussi les rendre effectifs et nous en sommes toujours bien loin. Dans notre pays, être en situation de handicap rime encore trop souvent avec précarité, exclusion, discrimination et inégalités. La politique du handicap reste campée sur un modèle médical et paternaliste. Il faut repartir sur de nouvelles bases.
Quelle approche faut-il alors adopter ?
P.R : Une approche fondée sur les droits humains. Le respect dû à chaque citoyen nous y oblige. Trois textes fondateurs et incontournables nous y obligent également : la Convention relative aux droits des personnes handicapées de l’ONU, la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne et les Objectifs de développement durable (ODD) dont l’esprit est de « ne laisser personne sur le côté ». L’ONU et le Conseil de l’Europe ont d’ailleurs pointé les manquements de l’État français à l’égard de ses citoyens et citoyennes en situation de handicap. En 2021 et en 2023, il a d’ailleurs été condamné.
Comment allez-vous procéder ?
P.R : Nous allons nous appuyer sur ces textes internationaux, sur notre manifeste et sur des actions. Dès l’automne 2023 et jusqu’au début du printemps 2024, nous lançons, partout en France, des États généraux APF France handicap. Ils vont mobiliser non seulement des acteurs internes mais aussi d’autres associations, des entreprises, les pouvoirs publics… et s’appuyer, comme nous l’avons toujours fait, sur la force du collectif.
Leurs réflexions porteront sur sept grands thèmes de société, dont le droit à la citoyenneté et à la participation pour tous, ou encore le droit à l’éducation et à la formation pour tous*. Le but ? Faire des propositions aux pouvoirs publics. Changer de modèle de société, c’est l’affaire de tous.
Quelle vision de la société porte APF France handicap ?
P.R : Nous défendons une société juste, solidaire et durable. Une société dans laquelle chaque personne a les mêmes droits et les mêmes opportunités. L’approche par les droits humains constitue le socle nécessaire pour garantir l’effectivité des droits. C’est la condition indispensable pour l’égale dignité de tous les citoyens et citoyennes de ce pays.
Je télécharge le Manifeste pour refonder la politique du handicap en France
*Les autres thèmes sont : le droit au travail pour tous, le droit d’accéder à tout, de se loger et la liberté d’aller et venir pour tous, le droit à la santé pour tous, le droit à des ressources dignes pour tous, le droit à l’autonomie pour tous.